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Les 7 erreurs qui mènent à la crise
introduction:
Nous avons demandé à six spécialistes du couple de recenser tous les scénarios
qui conduisent à la rupture. Surprise : ils ont unanimement dégagé sept
situations à risque. Et ce quelles que soient la durée de vie commune et la
singularité du parcours amoureux. Décryptage et analyse.
Sexologues et thérapeutes sont régulièrement confrontés à des couples au
bord de la rupture. Objectif de ces professionnels : repérer avec les personnes
qui consultent l'origine de leurs difficultés conjugales et trouver des moyens
de sortir de l'impasse. Nous avons demandé à six d'entre eux d'évoquer, à la
lumière de leur expérience, les causes de mésentente les plus fréquentes et
les plus préjudiciables.
Premier constat : au-delà des histoires et parcours singuliers des couples, des
causes récurrentes d'échec se dégagent. Et les experts que nous avons
interrogés se sont tous dits « étonnés » de constater que leurs
patients attendaient d'eux des conseils souvent très « basiques »
sur ce qu'est et devrait être la vie à deux, et ce quels que soient le milieu
socioculturel, l'âge des partenaires ou la durée du couple.
Certains thérapeutes invoquent comme explication le manque de repères et une
tendance générale à la minimisation de l'engagement. Enfants de parents séparés
et/ou entourés de divorcés, les couples d'aujourd'hui sont vite désorientés
lorsqu'une difficulté vient perturber la relation. Le moindre « choc »
semble mettre en péril un lien déjà fragile, dans une société où un
mariage sur trois se solde par un divorce.
Les thérapeutes remarquent aussi que si les problèmes évoqués s'inscrivent
dans l'histoire propre à chaque couple et aux individualités qui le composent,
ils sont toujours alimentés par des erreurs de comportement ou de fausses
croyances, répétées dans une majorité d'histoires d'amour en crise.
Quels sont ces pièges, parfois fatals ? Comment les repérer pour les éviter
?
Les résultats de notre enquête.
1-LA FUSION
Paradoxalement, les couples les plus fragiles sont ceux qui, au début de leur
relation, vivent une symbiose absolue. Engagés « très vite, très fort »,
branchés sur les besoins de l'autre, ils jouent tous les rôles : amant, ami,
parent, enfant... Enveloppés, à l'abri des turbulences du monde, ils se
nourrissent exclusivement l'un de l'autre. Ils vivent le couple comme une île déserte
qu'ils seraient les seuls à habiter, jusqu'au jour où un élément extérieur
vient perturber ce tête-à-tête exclusif. Ce peut être une naissance (comment
composer à trois lorsque l'on n'a jamais vécu que l'un pour l'autre ?) ou un
projet enthousiasmant qui se présente dans la vie de l'un des deux.
Mais, plus fréquemment, c'est une sensation de lassitude et d'étouffement qui
s'empare de l'un des partenaires, qui prend conscience que la sécurité à peu
à peu fait place à l'asphyxie. Le monde extérieur, si longtemps tenu à
distance, est tout à coup paré de tous les attraits. C'est le début de la
crise. Frustration insupportable d'un côté, sentiment d'abandon et de trahison
de l'autre. La plupart du temps, ces couples se séparent en se déchirant.
2 - LE REFUS DE LA DIFFERENCE
Un conjoint n'est pas un double. Affirmation limpide en théorie, plus
compliquée en pratique. Très souvent, les gros conflits sont nourris au
quotidien par de petits refus : on n'accepte pas que celui dont on partage
l'intimité n'ait pas les mêmes réactions que nous ou qu'il nous surprenne
(et déçoive) par la façon dont il vit et exprime ses émotions. On projette
sur l'autre des envies, des attentes, des erreurs de comportement qui, en réalité,
sont les nôtres. Or un couple est composé de deux personnes différentes –
qui plus est, dans la plupart des cas, de sexe opposé.
On sait combien hommes et femmes "fonctionnent" de manière asymétrique,
notamment en matière de communication et de sexualité. Les femmes expriment
plus facilement leurs émotions et ont un désir sexuel plus fluctuant que les
hommes. « Il ne me parle pas assez », « Elle ne voit jamais
les efforts que je fais », « Nous n'arrivons pas à avoir
d'orgasme en même temps », « Quand je veux, c'est elle qui ne
veut pas »... sont les plaintes le plus souvent entendues en
consultation. Toutes témoignent de ce déni de la différence qui finit par
faire du couple un champ de bataille ou un tribunal.
2 - LE REFUS DE LA DIFFERENCE
Un conjoint n'est pas un double. Affirmation limpide en théorie, plus compliquée
en pratique. Très souvent, les gros conflits sont nourris au quotidien par de
petits refus : on n'accepte pas que celui dont on partage l'intimité n'ait pas
les mêmes réactions que nous ou qu'il nous surprenne (et déçoive) par la façon
dont il vit et exprime ses émotions. On projette sur l'autre des envies, des
attentes, des erreurs de comportement qui, en réalité, sont les nôtres. Or un
couple est composé de deux personnes différentes – qui plus est, dans la
plupart des cas, de sexe opposé.
On sait combien hommes et femmes "fonctionnent" de manière asymétrique,
notamment en matière de communication et de sexualité. Les femmes expriment
plus facilement leurs émotions et ont un désir sexuel plus fluctuant que les
hommes. « Il ne me parle pas assez », « Elle ne voit jamais
les efforts que je fais », « Nous n'arrivons pas à avoir d'orgasme
en même temps », « Quand je veux, c'est elle qui ne veut pas »...
sont les plaintes le plus souvent entendues en consultation. Toutes témoignent
de ce déni de la différence qui finit par faire du couple un champ de bataille
ou un tribunal.
3 - LE MANQUE DE COMMUNICATION
Convaincus que les mots sont inutiles pour se comprendre quand on est faits
l'un pour l'autre, les jeunes couples ont tendance à négliger la
communica-tion dans leur relation. Au nom du mythe de l'amour parfait,
"instinctif", ils oublient que la communication est indispensable
pour apprendre à se connaître. Comment, sans les mots, découvrir les
envies, les besoins de l'autre ? élaborer des projets ? Sans échange,
difficile d'éviter de fantasmer la relation, difficile aussi de ne pas
s'exposer à la déception en se rendant compte un jour que son compagnon
« n'est pas du tout celui que l'on croyait ».
Dans les couples au long cours, l'absence de dialogue nourrit quiproquos et
frustrations : « A quoi bon lui dire ce que je veux ? Je sais ce qu'il
va me répondre. » Persuadés de se connaître parfaitement, les
partenaires estiment que parler ne modifiera rien. Chacun colle une étiquette
sur l'autre et vit "à côté de" au lieu de vivre "avec".
C'est oublier que la richesse et la force du couple viennent de ce que l'on ne
finit jamais de découvrir l'autre et d'apprendre à se connaître à travers
lui.
4 - LE COUPLE THERAPEUTE
Ce sont, en général, des couples très solides au départ. Leur contrat,
inconscient la plupart du temps, repose sur des attentes complémentaires : guérir
pour l'un (problèmes de dépression, d'alcool, d'échec professionnel...), se
sentir indispensable pour l'autre. Le plus souvent, ces couples, fondés à la
fois sur la domination et sur la recherche de la fusion, s'enfoncent toujours
davantage dans leurs dysfonctionnements. Ce qui les amène, à terme, soit à
l'impasse, soit à la rupture.
Premier cas de figure : avec le temps, le "malade" guérit et, de
fait, n'a plus besoin d'un "médecin" ni d'un témoin gênant de sa
« déchéance » passée. Il se peut également qu'il se révolte
en prenant conscience que cette relation, loin de le libérer, entretient sa dépendance,
s'en nourrissant pour continuer à exister. Second cas de figure : les
tentatives du "sauveur" échouent, alimentant sa frustration et sa
colère et générant de la culpabilité et de la souffrance chez son
partenaire.
5 - LE MANQUE DE PROJET DE VIE
Etablir des projets de vie est indispensable pour avancer à deux. Mais, pris
dans l'euphorie des premiers temps de la relation, les jeunes couples
revendiquent le droit de « vivre au jour le jour » et évitent de
se projeter dans l'avenir. Ce n'est que lorsque le quotidien a émoussé
l'enthousiasme et la spontanéité des débuts que l'avenir de la relation
apparaît comme un espace vide, ennuyeux ou angoissant. Certains vont alors
"voir ailleurs" pour remettre du désir et de l'excitation dans leur
vie ; d'autres, pour meubler le vide, décident de déménager, de se marier
ou d'avoir des enfants, mais, une fois ces projets réalisés, se rendent
compte que la vie à deux ne leur apporte plus ni envie ni énergie.
C'est alors que, au lieu de questionner en profondeur la relation et ce que
l'on attend d'elle, chacun se replie sur soi et développe, en parallèle du
couple, des projets personnels. Lesquels, loin de nourrir la relation, la
fragilisent encore davantage. Dans cette dynamique, l'un des deux finit par
s'apercevoir qu'il est plus épanoui seul ou à l'extérieur de son couple et
met fin à celui-ci. Ou, par peur de la solitude, par culpabilité, chacun se
résigne et vit « seul, à deux ».
6 - LA PARESSE
« On s'aime, donc ça doit marcher entre nous », « Si ça ne
marche pas, c'est que l'on ne s'aime pas assez », « Si l'on ne se
comble pas sexuellement, c'est que l'on n'est pas faits pour vivre ensemble »...
De nombreux couples, les plus jeunes en particulier, sont persuadés que,
entre eux, tout doit fonctionner d'emblée. Au moindre problème relationnel
ou sexuel, ils concluent que la relation est condamnée. C'est pourquoi ils ne
se donnent pas la peine d'essayer de surmonter à deux leurs difficultés.
Habitués au zapping, à la consommation, donc à combler toutes leurs envies
et tous leurs manques dans l'instant, ils ont du mal à supporter la
frustration et à fournir des efforts qui ne portent pas leurs fruits immédiatement.
C'est oublier que le couple et la sexualité ne vont pas de soi et se
construisent avec le temps.
7 - LE FATALISME
Deux écueils principaux guettent les couples de longue durée : les conflits
que l'on ne règle pas parce que l'on considère qu'il est trop tard, et
l'essoufflement du désir, voire l'absence de relations sexuelles. Des
conflits non réglés en profondeur ressortent rancoeur et frustration, et de
l'usure du désir, installée au fil du temps, des conduites d'évitement qui
alimentent une agressivité souterraine empoisonnant les échanges les plus
anodins.
La bonne réaction consisterait à communiquer sur ce qui fait effectivement
problème pour tenter de trouver une solution (parfois en faisant appel à un
tiers thérapeute).
QUAND L'ENFANT PARAIT :
La naissance d'un enfant agit souvent comme un facteur déclenchant, faisant
remonter à la surface des difficultés plus anciennes. Avec l'arrivée de ce
tiers, toutes les "erreurs" répertoriées ci-dessus deviennent
autant de pièges qui se resserrent : absence de vraie communication ? Ce sont
les désaccords qui surgissent à propos de l'éducation et de l'organisation
au quotidien de la vie de famille.
Amour-fusion ? Le bébé vient rompre la symbiose, donnant l'impression de
"prendre la place" de l'un des partenaires auprès de l'autre.
Absence de projet de couple ? L'enfant devient l'unique centre d'intérêt de
l'un ou des deux parents, jusqu'à ce que ceux-ci abandonnent toute vie
amoureuse...
De nombreux couples pensent encore que l'arrivée d'un enfant résoudra de façon
magique tous les problèmes. Mais un enfant ne peut constituer un projet
"final". Idéalement, c'est pour le couple une étape à franchir,
lorsque la plupart des pièges ont été déjoués et que les erreurs de
comportement ont été repérées, et réparées.
RUPTURE :Quand est-elle inévitable ?
« Le seul moyen de savoir si une crise de couple pourra ou non être dépassée
est, d'abord, de la vivre et de s'y confronter », explique Alice de
Lara, conseillère conjugale. C'est-à-dire, ensemble ou avec l'aide d'un thérapeute,
d'essayer de trouver d'autres aménagements, psychiques et matériels. C'est
ainsi que l'on verra si l'on est capable, ou pas, de faire le deuil de
certaines illusions sur le couple "d'avant la crise".
Si la réponse est oui, un nouveau départ est possible. Dans le cas inverse,
la rupture s'imposera comme la seule issue réaliste. Les "symptômes"
? Une absence totale de communication verbale, la multiplication de petits et
de grands conflits, des silences pleins de ressentiment, un examen permanent
de l'autre, un sentiment d'amertume... Lorsqu'elles persistent, ces attitudes
et réactions signifient que l'on s'est figé dans une position de défense et
d'agressivité, et que la confiance et la complicité, indispensables à la
vie à deux, ont totalement disparu.
L'ARGENT : Pomme de discorde
La gestion de la vie quotidienne, la sexualité et, enfin, les questions
d'argent sont les principaux motifs de crise dans le couple. Françoise Sand,
conseillère conjugale, nous explique pourquoi on parle davantage des deux
premiers que du troisième.
« Les questions d'argent sont moins souvent évoquées mais sont de plus
en plus fréquentes dans la réalité des couples. Soit l'un dépense beaucoup
et l'autre thésaurise à l'excès, soit les deux partenaires se mènent la
vie impossible à vouloir vivre dans un partage sans faille des dépenses...
Ces différences dans les rapports à l'argent peuvent mener à la séparation
parce qu'elles sont un indicateur de la confiance mutuelle que l'on s'accorde
et qu'elles renvoient à la capacité (ou à l'incapacité) à surmonter la réalité
qui, dans ce domaine, peut parfois être rude.
Elles sont aussi le signe d'une lutte de pouvoir. Garder ou, au contraire, brûler
l'argent du couple devient un moyen de s'imposer face à l'autre. « Quelle
"valeur" ai-je à tes yeux ? », « Est-ce que tu m'aimes
pour ce que je représente ou pour ce que je suis vraiment ? », etc. Ce
sont ces questions, relatives à l'identité de chacun, qui sont énoncées à
travers ces comportements. »
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